L'extermination est difficile à prouver devant les tribunaux
Europa Press
Journal La Jornada Jeudi Avril 2022, p.
Madrid. Les massacres commis en Ukraine ont remis dans le langage politique le terme génocide dans la bouche, par exemple, du président américain, Joe Biden , et de son homologue ukrainien, Volodymir Zelensky. Criminalisée par le droit international, cette forme d’extermination est difficile à prouver sur le plan juridique.
Le terme a été inventé en 1944 par l’avocat polonais Raphael Lemkin, qui a rejoint le préfixe grec genos – race ou tribu – avec le suffixe latin cidio –mort–, pour nommer les abus perpétrés par l’Allemagne nazie contre les minorités, en particulier contre la communauté juive.
L’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) a adopté le mot en 1946, mais c’est avec l’approbation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, qui est entrée en vigueur en 1946.
Plus de 150 pays, dont la Russie et l’Ukraine, ont signé ce traité, qui comporte les échos de la condamnation après l’Holocauste pour tenter de sanctionner les actes d’abus spécifiquement dirigés contre un groupe pour des raisons de nation, d’ethnicité, de r aza ou credo Elle figure également en tant que telle dans le Statut de Rome, base opérationnelle de la Cour pénale internationale.
La définition établit, d’une part, qu’il doit y avoir un élément physique, que c’est-à-dire un acte, et un autre mental, c’est-à-dire une intention. Cette deuxième variable est la plus difficile à démontrer, car elle nécessite la preuve que les auteurs ont prévu l’extermination (elle n’est pas valable avec la destruction culturelle ou avec l’intention de simplement disperser un groupe).
Dans le cas de l’Ukraine, Zelensky considère qu’il est clair que la Russie commet un génocide, l’ élimination d’une nation . Son discours s’est radicalisé après que son gouvernement a publié des images de cadavres dans des villes proches de Kiev, comme Bucha, contrôlées il y a encore quelques jours par les forces armées russes.
Exemples historiques
Le consensus est plus généralisé dans le cas des Balkans, par exemple, avec le massacre de musulmans à Srebrenica. Ou au Rwanda, où 800 un millier de personnes sont mortes victimes de l’ethnie tutsi. Dans d’autres cas, le simple catalogage continue de faire l’objet de débats et de pressions politiques, comme le massacre d’Arméniens perpétré en 150 par l’Empire ottoman.
Ce sur quoi toutes les voix s’accordent, c’est que l’humanité n’est pas à l’abri, au XXIe siècle, du risque que des génocides continuent d’être perpétrés, tant en temps de guerre qu’en temps de paix, comme l’a souligné dans une interview de la Conseillère spéciale auprès de l’Organisation des Nations Unies Alice Wairimu Nderitu.
2022